Le "major de Polytechnique" chômeur
Par David Monniaux le mercredi, septembre 18 2013, 19:41 - (Mal)journalisme - Lien permanent
On me passe le message : un major de Polytechnique serait au chômage en raison de son nom maghrébin.
Si on lit l'article, on constate que ce monsieur est non pas diplômé de l'École polytechnique (l'X, située à Palaiseau), mais de « Ecole polytechnique universitaire de Marseille », c'est-à-dire très probablement Polytech Marseille.
Je pense pouvoir affirmer que les écoles du réseau Polytech sont considérablement moins prestigieuses que l'École polytechnique. De toute façon, un major de l'École polytechnique ne chercherait certainement pas du travail : sous toute probabilité il serait soit au Corps des Mines, soit en partance pour une thèse dans une université prestigieuse outre-Atlantique.
La revue Politis a d'ailleurs dû corriger son article, qui dans sa version initiale était bien moins précis et laissait supposer qu'un polytechnicien de tête de promotion était au chômage en sortie de l'école... (Il faut avouer que cela avait le mérite de fournir des titres et une image-choc, un peu plus que s'ils avaient titré « Le premier au classement de la licence DBLP de l'Université de Trifouilly-les-Oies est au chômage ».)
Ceci ne diminue aucunement l'intérêt de cette histoire et l'horreur de la situation sociale qu'elle dénonce (les réactions négatives des employeurs devant un nom maghrébin).
Commentaires
Inversons la Matrice de l'Histoire !
Bonsoir,
Même chez les X, nous avons bien les conservateurs, avec en face les révolutionnaires.
M. Albert Jacquard, ancien polytechnicien disparu récemment, disait que les uns sont "passifs" tandis que les autres "orientent".
Tout le choix est donc là, qui semble être à la base de la dynamique du monde.
Quant au chômage, c'est un fléau -trivial- (avec la xénophobie).
A quand le "renversement thermodynamique" de la vapeur ?
Certains se posent toujours la question, et d'autres persistent à agir encore aujourd'hui.
Corrigez moi si je me trompe, le résultat des courses : si l'on s'en sort (et ce sera oui), on ne dira pas merci à tous, mais pour le coup, ce sera bien mérité...
Il me semble que l'expérience démontre que si on remplace un nom maghrébin par un nom corse dans un CV, les résultats changent du tout au tout, du moins à Marseille.
Mais en l'état de l'information obtenue par cette expérience, il est difficile de déterminer si ce qui est handicapant est d'avoir un nom maghrébin ou de ne pas avoir un nom corse :-).
Ce qui est étonnant, c'est qu'on établisse une relation de causalité entre le nom et l'absence d'emploi. Le degré zéro de l'observation sceintifique: je vois que donc évidemment bien sûr. On a le droit d'être maghrébin et d'être un incompétent ou un sale con...
@régis: Ce lien peut être établi si le même CV, mais avec un nom sonnant « français de souche », a sensiblement plus de succès.
Tout ça ça sent quand même violemment la confusion entre corrélation et causalité.
Qu'est-ce qui vous faire que ce n'est pas l'absence de travail qui cause le fait d'avoir un nom à consonance maghrébine ?
"Ce qui est étonnant, c'est qu'on établisse une relation de causalité entre le nom et l'absence d'emploi."
Ce qui est étonnant, c'est qu'on établisse pas une relation de causalité entre les associations anti-racistes et l'absence d'emploi des noms à consonances raciales.
@Natacha "Qu'est-ce qui vous faire que ce n'est pas l'absence de travail qui cause le fait d'avoir un nom à consonance maghrébine ?
Si j'interprete correctement votre phrase à laquelle il doit manquer un bout :
La lecture de l'article en question : il a reçu de nombreuses réponses, parfois sans même avoir envoyé, son CV en changeant de nom.
Je crois que Natacha voulait ridiculiser ceux qui crient à la corrélation sans preuves en inversant les termes de manière à obtenir une corrélation ridicule : "absence de travail" a pour effet "nom à consonance maghrébine". Ce qui est évidemment absurde.
Quant à régis ou simple-touriste, ce n'est pas la première fois qu'ils font des commentaires passablement borderline et qui frisent le racisme teinté de mauvaise foi. Et ils ont l'air de s'imaginer que le laisser faire dont ils bénéficient signifie que nous approuvons ou que nous trouvons ça drôle.
"Quant à régis ou simple-touriste, ce n'est pas la première fois qu'ils font des commentaires passablement borderline et qui frisent le racisme teinté de mauvaise foi."
Ce commentaire est une attaque personnelle plus que borderline et de pure mauvaise foi.
Je vous mets au défi de citer ces commentaires racistes.
Ayant, dans un passé qui commence à être lointain, donné des cours dans cette modeste école, je peux dire que la confusion volontairement introduite dans sa dénomination (et ce n'est pas la seule école à l'avoir fait) a aussi fait comme victime au moins un étudiant étranger dont le niveau était très supérieur à celui de ses condisciples et qui l'avait assimilée à une succursale de l'X.
Peut-être que les employeurs déçus par le niveau de leurs recrues sont aussi devenus plus méfiants...
"De toute façon, un major de l'École polytechnique ne chercherait certainement pas du travail : sous toute probabilité il serait soit au Corps des Mines, soit en partance pour une thèse dans une université prestigieuse outre-Atlantique."
Ou dans le corps de l'Armement pour faire de la crypto!
Sinon, sur le fond, ça montre bien le problème qu'ont les personnes ayant un nom connoté: un fort racisme latent.
@Nono: Dans tous les cas, supposer qu'un major de promo de l'X puisse être sur le carreau en sortie d'études (sauf accident majeur : dépression etc.) c'est méconnaître toute la sociologie de la noblesse d'État chère à Bourdieu !
En tant qu'associé dans une PME, la seule chose que je vérifie quand je vois un nom "étranger*", c'est que le candidat est soit de nationalité française, soit a *déjà* un titre de séjour "non étudiant".
Parce que me farcir la préfecture pour obtenir un titre de séjour est simplement économiquement impossible pour moi.
Ça fait d'ailleurs partie des innombrables obstacles "non financiers" pénalisants les PME, pondus par des énarques qui n'ont jamais bossé dans quelque chose de plus petit qu'EDF. Bien évidement les gros machins ont un service administratif pour s'occuper de ça.
D'ailleurs, la principale chose qu'on peut reprocher à nos politiques, c'est d'avoir été fonctionnaires (= gros machin), ou parapublic (=gros machin). Ils n'ont pas la moindre idée de ce qu'est que de bosser dans une petite structure.
@folbec: Même dans une grosse structure telle qu'une université, recruter un étranger extracommunautaire est un parcours du combattant (et je parle bien entendu d'emplois où l'on n'a pas pléthore de candidats français compétents).
J'ai entendu la même remarque que la vôtre à propos de très grosses entreprises : sauf cas extraordinaire, pas d'embauche d'étranger extracommunautaire, trop compliqué.
Si cela peut vous rassurer, c'est pareil dans d'autres pays où pourtant les gouvernants ne sont pas d'anciens hauts fonctionnaires : les grandes entreprises américaines comme Google et IBM ont des services de lawyers spécialisés dans les procédures d'immigration (par exemple, le service ad hoc d'IBM m'a fourni une documentation sur les mots-clefs à mettre dans ma lettre de recommandation que je rédigeais pour soutenir un de leurs candidats vis-à-vis de l'immigration, et a relu celle-ci pour conseiller des modifications).
L'anecdote racontée ne me surprend pas vraiment, il me semble qu'hélas il y a eu pas mal de témoignages de ce genre...
Cela me rappelle le cas de l'épouse d'un thésard de mon labo de thèse (DM: Alexis M. ancien responsable foyer, ça te dira peut-être quelque chose...) Son épouse était d'origine marocaine (née au Maroc et ayant vécu là-bas jusqu'à son mariage). Après leur mariage, au départ elle avait gardé son nom de naissance.
Elle a eu du mal à trouver un emploi mais lorsqu'elle a fini par utiliser le nom de son mari sur les CV qu'elle envoyait, miraculeusement le taux de réponses a très nettement augmenté...
"Je vous mets au défi de citer ces commentaires racistes."
J'attends....